28 mai 2025 – Université Paris Nanterre
Horaires : 9h30-12h30 (séminaire) ; 14h-17h (réunion de travail)
Bâtiment FC – Salle BFC R06
Dans le cadre de l’ANR POLARisation, Camille Bouzereau (Université Paris Nanterre), Adam Faci (Humanum), Laetitia Gonon (Université de Rouen) et Sybila Guéneau (EHESS) organisent, le 28 mai 2025 à l’Université Paris Nanterre, un séminaire de recherche autour de la gifle dans le roman policier. Ce séminaire croise quatre disciplines (informatique, linguistique, littérature, stylistique) autour d’un vaste corpus (3015 romans policiers) et d’un objet d’étude (la gifle).
ANR POLARisation
L’ANR POLARisation vise à saisir la montée en puissance en France, entre 1945 et 1989, des récits criminels qui circulent au cœur de l’imaginaire social, irrigué par les industries créatives[1] (Artiaga, Letourneux 2022). Pour cette ANR, le corpus d’étude est composé de 3015 romans policiers publiés en France, sur la période 1945-1989, avec un intérêt particulier pour les collections éditoriales (Série Noire, Série Blême, Spécial Police, Espionnage, Le Masque, Mystère, Engrenage, Miroir Obscur). Ce corpus est considérable (200 millions de mots) aussi bien pour la recherche sur les cultures populaires et médiatiques (Migozzi 2005, Thérenty 2019, Artiaga et Letourneux 2022) que pour la recherche en textométrie littéraire (Brunet 2003, Magri 2006, Gonon et al. 2018).
Ce corpus est exploitable sur des logiciels de textométrie (TXM, Hyperbase, Iramuteq) et permet de développer des études qui articulent les approches quantitatives et qualitatives (Mayaffre 2010). Plus précisément, ce corpus vise à décrire :
- Les mots qui font le commun du genre policier,
- Les mots qui font les spécificités d’une collection ou d’une maison d’édition selon la période concernée.
Ce séminaire de recherche du 28 mai 2025 se consacre aux mots qui font le commun de la fiction policière, à savoir les mots du corps et les mots des coups – intrinsèquement liés. Tout d’abord et grâce aux logiciels de textométrie, nous avons observé le vocabulaire récurrent que l’on retrouve dans une bagarre : après un coup de poing, après une baffe, après une gifle. Nous avons alors constaté que les coups ont un genre : la baffe, étant plutôt utilisée dans le cadre de conflits masculins et, la gifle dans le cadre de conflits impliquant au moins un personnage féminin.
À partir de ces premiers constats, nous nous sommes focalisé•e•s sur les séquences narratives et textuelles qui environnent la base gifl (substantif gifle ; verbe gifler). Adam Faci (chercheur postdoctoral en science informatique) a exporté un fichier composé de 5000 occurrences comprenant l’item gifl (avec les contextes et métadonnées correspondant•e•s).
Partant de ce fichier, nous nous sommes intéressé•e•s, en stylistique et en linguistique, aux chaînes de référence qui construisent la représentation des corps et des discours féminins lors de l’agression. Ces analyses ont mis en relief plusieurs thèmes et schémas récurrents susceptibles de construire un scénario autour de la gifle et donc de nous interroger dans les domaines suivants :
- En narratologie, peut-on parler de script de la gifle ?
- En informatique, retrouve-t-on des motifs lexico-syntaxiques autour de la gifle ?
- En littérature, comment le néopolar qui tranche avec les anciens codes utilise ce scénario ?
- Plus généralement, est-ce que l’écriture de la gifle dépasse le discours du crime fondamental dans la fiction policière ?
Programme :
9h30-10h.
Présentation de l’ANR POLARisation
Présentation du corpus de 3015 romans policiers (1945-1989)
Présentation du chantier de recherche sur la gifle dans le roman policier
Jacques Migozzi (Professeur des Universités, Université de Limoges)
10h-10h40.
Gifles, whisky et serviettes mouillées : de quelques remèdes à la crise de nerfs dans le polar
Laetitia Gonon (MCF, Université de Rouen)
10h40-11h20.
Des gifles pour la faire taire. Étude linguistique des discours rapportés féminins dans les scènes de ménage.
Camille Bouzereau (Chercheuse postdoctorale, Université Paris Nanterre)
11h20-12h00.
La gifle: modélisation de schémas de violence et épistémologie
Adam Faci (Chercheur postdoctorant, Humanum)
12h00-12h40.
La gifle néo-polareuse : comment l’abandon progressif d’un motif stéréotypé amorce de nouvelles formes de violences dans le récit criminel
Sybila Guéneau (Docteure, EHESS)
14h-17h : Réunion de travail
Pour les chercheurs et les chercheuses qui le souhaitent, ce séminaire de recherche sera suivi d’une réunion de travail, l’après-midi à Nanterre (14h-17h).
Séminaire disponible sur Teams via le lien suivant : https://teams.microsoft.com/l/meetup-join/19%3ameeting_YWY5ZmY2MDgtNzBkNy00ZjFhLTg5Y2UtYjQ4NjY2ZjQ0YzAw%40thread.v2/0?context=%7b%22Tid%22%3a%22a37861db-695a-43bf-9e29-5179a055805b%22%2c%22Oid%22%3a%22b19cc1e0-bdba-48c8-8830-fde44d59a692%22%7d
Références bibliographiques
Artiaga L. et Letourneux M. (2022). Aux origines de la pop culture. Le Fleuve noir et les Presses de la Cité au cœur du transmédia à la française, 1945-1990. Paris : La Découverte.
Brunet E. (2003). Peut-on mesurer la distance entre deux textes ?, La distance intertextuelle, Revue Corpus, n°2.
Gonon L., Goossens V., Kraif O., Novakova, I., Sorba J. (2018). « Motifs textuels spécifiques au genre policier et à la littérature “blanche” ». 6e CMLF, Université de Mons, Belgique.
Magri V. (2006). Corpus et stylistique. Corpus, 5, 5-9
Mayaffre D. (2010). Vers une herméneutique matérielle numérique. Corpus textuels, logométrie et langage politique. Thèse d’Habilitation, Université Nice Sophia Antipolis.
Migozzi J. (2005), Boulevards du populaire, Limoges, PULIM.
Thérenty M-È. (2019). La Mise en fictions d’un fait divers. Essai de typologie à partir de l’affaire Lindbergh et de ses fictions dérivées. Pour une médiapoétique du fait divers, COnTEXTES, 24.
Source : ANR Polarisation
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie Lucie Bougon (5 mai 2025). Séminaire : Les coups ont un genre. Études croisées autour de la gifle dans les romans policiers (1945-1989). LPCM. Consulté le 17 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13v6v